La baronnie de L’Espinasse

Compte-rendu conférence du 15 novembre 2022 par Jacky Darne

Alain Debarnot, le conférencier, a exercé la profession de vétérinaire aux environs de La Pacaudière, de Saint-Forgeux-Lespinasse et de Saint-Germain-Lespinasse et il s’est passionné pour la baronnie de L’Espinasse, une de celles qui ont marqué l’histoire du Brionnais.
Le conférencier situe tout d’abord la baronnie au sein du Brionnais, puis il en reconstitue l’histoire et enfin il décrit le patrimoine tel qu’il fut et ce qui en reste.

La baronnie de L’Espinasse appartient au Brionnais


Les limites du Brionnais font souvent l’objet de débats. Aujourd’hui le Brionnais est essentiellement entendu comme comprenant les communes appartenant aux anciens cantons de Chauffailles, La Clayette, Marcigny et Semur-en-Brionnais. Historiquement il était beaucoup plus étendu et comprenait des communes maintenant dans le département de la Loire (de Charlieu à Saint-Forgeux-l’Espinasse), dans le département de l’Allier (l’expression Outre-Loire est fréquemment utilisée), dans le département du Rhône, ainsi que des communes de Saône-et-Loire qui sont plutôt classées comme appartenant au Charolais.

La baronnie de l’Espinasse était la troisième baronnie du bailliage de Semur-en-Brionnais. Elle était à la limite du Brionnais et du Forez. Cette limite fut précisée par un acte passé à Saint-Germain même, en mars 1223, entre Marie de Semur et Guy, comte de Forez. Le Duc Jean, comte d’Auvergne a ensuite revendiqué ce territoire mais, après décision en conseil du roi, un traité signé à Bourbon-Lancy en 1503 confirma les limites territoriales (source Courtépée).

La baronnie de L’Espinasse se composait de trois paroisses : L’Espinasse, Saint-Forgeux et Saint-Julien. Cette dernière a disparu au XVIIIe siècle. Ces paroisses appartenaient au diocèse de Lyon et dépendaient de l’archiprêtré de Roanne.
La baronnie est traversée par trois ruisseaux : La Teysonne (des monts de la Madeleine à Briennon) et deux affluents de la Teysonne : le Briquet et la Fontanière.


Histoire de la baronnie


Des L’Espinasse sont évoqués dès le XIe siècle mais c’est à partir de 1131 que l’on peut connaître leur descendance ininterrompue. C’est sous le nom de Guy qu’apparaît le seigneur de Lespinasse dans une charte accordée en 1131 par Hugues de Montaigut à l’abbé de Saint-Julien.

Ce Guy eut au moins quatre enfants : Dalmas, Raoul, Pons et Hugues. Dalmas sera son successeur comme seigneur de L’Espinasse alors que Pons et Hugues devinrent chanoines-comtes du chapitre de Brioude.
Le conférencier retrace la généalogie de la famille dont il ressort que la maison de l’Espinasse a formé un grand nombre de branches qui se sont successivement répandues en Auvergne, en Nivernais, en Bourbonnais et en Champagne. Mentionnons ici celle des barons de la Clayette. C’est Philibert de l’Espinasse qui a fait bâtir le château de la Clayette.
La plupart de ces branches sont éteintes depuis trois siècles.

Sans retracer ici les filiations successives nous nous arrêtons sur la période des guerres de religion qui marquent la fin du hameau de Lespinasse et du château alors existant.
Gaspard de Saulx-Tavannes, dit le maréchal de Tavannes, maréchal de France, est très engagé pour le roi de France contre les huguenots. En 1590 à Marcigny, il y avait une tour nommée Milan-Perle complètement remplie de sel. Des rebelles venus de Lyon l’occupaient et devaient sous peu repartir, emportant avec eux l’approvisionnement renfermé dans la tour. Il fut décidé que des troupes iraient immédiatement s’emparer de cette dernière. Le sel qu’on y prendrait servirait à payer les soldats qui n’avaient rien reçu depuis longtemps. Bien que la tour de Milan-Perle parût au premier abord bien défendue, étant entourée de fossés et de guérites, l’ordre d’attaquer fut donné. Des mousquetaires à la faveur de chars de foin qui se trouvaient là, s’approchèrent des murailles. Mais la tour ne renfermait que trente soldats et ceux-ci se rendirent à la première sommation. Leur exemple fut suivi par la ville de Marcigny, qui tout d’abord avait refusé d’ouvrir. Le sieur de Tavannes s’empara aussitôt du sel qu’il fit vendre. Mais il apprit que le sieur de Varennes, gouverneur de la ville de Mâcon, s’avançait vers lui de l’autre côté de la Loire. Cette troupe, avait rapidement gagné la rive gauche de la Loire et était remontée jusqu’à Saint-Germain-Lespinasse. Tavannes décide de l’attaquer.

A la tombée de la nuit il arrive avec ses troupes à l’Espinasse. Le sieur de Varennes venait lui-même d’y rentrer. Tavannes donne l’ordre de charger. Il met le feu à une maison pour s’éclairer et, surpris, l’ennemi fuit de toutes parts. Mais le feu mis à l’une des maisons s’était communiqué à toutes les autres qui étaient couvertes en paille. Le bourg fut entièrement brûlé et depuis il n’a jamais été rebâti.

La seigneurie de Lespinasse possédait haute, moyenne et basse justice.
Elle était célèbre au Moyen Age pour ses foires, les halles seigneuriales ont été épargnées par l’incendie qui ravagea la ville.

En 1790, deux foires importantes se tenaient chaque année au hameau de l’Espinasse. Un arrêté du Directoire en germinal an deux de la République Française autorise à transporter à Saint-Forgeux les foires et les halles du hameau de l’Espinasse. Restaurées, les halles servent aujourd’hui de salle de réunions.

Figure 1: Les Halles en 1890

Le patrimoine

Le donjon
Il est décrit en par Félix Thiollier : « C’est une haute tour carrée, à angles arrondis et maçonnerie grossière, où l’on remarque des fragments de tuiles à rebords et des trous ou vides quadrangulaires laissés peut-être par de grandes pièces de bois formant chaînage à l’intérieur des murs. C’est le dernier débris du château féodal qui s’élevait sur ce territoire. Ce donjon, qu’il est difficile de dater, fut sans doute primitivement isolé et, comme dans ceux de
Charlieu et de Saint-Maurice, on n’y pénétrait que par un pont volant donnant accès à une baie du premier étage. Il a dû être restauré à ces diverses époques, du XIVe et XVe siècles, comme en témoignent une petite porte ronde relativement récente, percée dans la paroi nord, et une voûte en arcs d’ogive à demi effondrée ».

La chapelle
Dans l’enceinte même de l’ancien château, s’élevait une chapelle dédiée à Saint-Michel.
Cette chapelle avait des fonts baptismaux ; elle avait en outre une cloche transportée, en 1795, à Saint-Forgeux. Cette cloche est aujourd’hui refondue.

Le manoir
Après la destruction du château féodal, fut édifié au temps de la Renaissance le manoir situé à faible distance et qui devint le siège de la seigneurie.

Échanges avec la salle
Une question posée lors des échanges avec les auditeurs qui suivent la conférence porte sur la démographie : quelle était la population de la baronnie ? Le conférencier indique que l’on ne la connaît pas précisément. Il semble qu’en 1599, la paroisse de Saint-Germain-l’Espinasse comptait 70 chefs de famille ; celle de Saint-Forgeux autant ; celle de Saint-Julien 12.