Les peintres du Charolais et de la Loire à la belle époque

Compte rendu conférence du 11 octobre 2022, par Jacky Darne

Gilles Durand et Hubert Louis sont les deux conférenciers de cette soirée de présentation d’artistes du Charolais bien connus à leur époque, mais au moins partiellement oubliés aujourd’hui. Impliqués au musée Saint-Nazaire de Bourbon-Lancy, Gilles Durand et Hubert Louis ont mené, à partir des œuvres exposées, des recherches sur ces artistes locaux, actifs autour des années 1900. Les conférenciers nous présentent des éléments de biographie pour chacun et un diaporama de leurs œuvres.

Les cinq qu’ils ont retenus sont Jean Laronze (1852-1937), Claude Rameau (1875-1955), Charles Merlette (1861-1899), Jacques Cancaret (1876-1941) et Théodore Levigne (1848-1912).

En préambule Hubert Louis rappelle le contexte historique dans lequel ces peintres ont acquis une renommée certaine : à la fin du dix-neuvième siècle la bourgeoisie est, grâce au progrès de l’industrie, en plein essor et acquiert maisons et appartements. Pour les décorer et les valoriser, ils achètent des œuvres d’art, ce qui a favorisé le développement des marchands-galeristes. Ce secteur naît et croît.

Jean Laronze

Il naît en 1852 à Génelard, en Saône-et-Loire. Enfant doué et précoce, il peint dès l’âge de six ans. Au lycée de Mâcon, son professeur de dessin, Eugène Chambellan, l’encourage à envisager une carrière artistique.
Il consacre cependant les premières années de vie active à l’entreprise familiale de transport sur eau. En 1880 son mariage avec Eugénie Mignot lui assure une vie matérielle confortable, ce qui lui permet de se consacrer à la peinture. Il se forme dans l’atelier du paysagiste Louis Dardoize, auprès de William Bouguereau et de Joseph-Nicolas Robert-Fleury à l’Académie Julian.

En 1883 une de ses toiles est exposée au salon des artistes français. Il y expose très régulièrement et obtient une mention honorable en 1889, une médaille de troisième classe en 1898 pour « La Bourbince à Génelard » et une médaille de deuxième classe en 1899 pour « Le Calme », toile qui obtient également une médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1900 à Paris. Il est LE peintre de la Bourgogne et plus particulièrement du Charolais. Il partage son temps entre son atelier de Neuilly-sur-Seine et celui de Génelard. Plusieurs de ses toiles rappellent Jean-François Millet.

Jean_Laronze, Le_Soir, 1893, 130×195 cm, Mâcon, Musée des Ursulines.

Claude Rameau

Ce « peintre de la Loire » est né à Bourbon-Lancy le 11 mars 1876 dans une famille modeste. Très doué pour le dessin, il se forme à Paris à l’Académie Julian. A l’instar de Jean Laronze, il y rencontre William Bouguereau. Il est également influencé par Alfred Sisley.
De 1911 à 1929, il est le conservateur du musée de Saint-Nazaire à Bourbon-Lancy.
Mais il partage son temps entre Bourbon-Lancy et Saint-Thibault-sur-Loire (canton de Sancerre), car en 1920 il a épousé Ursule Goyard originaire de cette région.
Les conférenciers soulignent l’importance donnée aux arbres dans ses tableaux de paysages, consacrés à la Loire et à ses environs.

La Loire, tableau exposé au musée Saint-Nazaire de Bourbon-Lancy

Charles Merlette

Portrait de Charles Merlette dans son atelier.

Charles Merlette est présent au Musée Saint-Nazaire par onze tableaux : des scènes de la guerre de 1870, des portraits… Ce natif de Bourbon-Lancy, né en 1861 et mort jeune, en 1899, à 38 ans a beaucoup vécu et travaillé à Paris. Il était très présent place du Tertre à Montmartre.

Jacques Cancaret

Jacques-Étienne Cancaret est né en 1876 près de Gueugnon (à Clessy). Lui aussi est élève de William Bouguereau. Il l’est aussi de Jean Laronze. Au Salon des artistes français de 1904 il obtient une médaille de 3e classe, puis en 1906 une médaille de 2e classe. Il est toujours présent au Salon de 1929 (hors-concours). Sa peinture parfois académique, parfois inspirée par Renoir ou Courbet, porte sur des thèmes variés : il réalise des affiches pour des événements sportifs (Vel d’Hiv. 1935). Il est présent dans divers musées dont celui d’Orsay.

Théodore Levigne

Autoportrait de Théodore Levigne, vers 1900

S’il est né à Noirétable dans la Loire en 1848, Théodore Levigne est d’abord un peintre lyonnais (son père cordonnier est venu vivre à Lyon en 1856). Mais il venait régulièrement à Bourbon-Lancy, entre autres pour chasser, ce qui justifie sa présence ici.
C’est un peintre précoce et surdoué : à 12 ans il est admis à l’école des Beaux-Arts de Lyon et en 1863, à quinze ans, il reçoit la plus haute distinction de l’école : le Laurier d’Or.

Retour de chasse, Musée Saint-Nazaire de Bourbon-Lancy

Après les exposés des conférenciers, le débat avec la salle conduit à souligner que d’autres peintres de qualité ont vécu dans le Brionnais-Charolais.
M. Berthelier évoque Jeanne Jolly, née à Marcigny, et qui a travaillé à Paris à partir de 1910.

Jeanne Jolly, Composition Cubiste