Année 2017

Claire de la Tour du Pin – Du 28 avril au 3 juillet 2017

En 1976, à sa sortie de l’Ecole Nationale des Arts Appliqués, Claire de la Tour du Pin rentre dans le Bureau de style Dominique Peclercs à Paris pour travailler sur les Cahiers de tendances de la mode(tissus, matières, couleurs). Ce travail de stylisme sera décisif pour elle et lui donne le goût du monde de la Mode.

Elle est ensuite chez Dior, au bureau du linge de maison, puis chez Balmain comme styliste textile. Après plusieurs années, elle travaille en free-lance pour Saint Laurent et Peclers de nouveau. Toutes ces expériences confortent son « goût du chiffon » qu’elle a eu dès l’enfance, alors qu’elle découvrait la passion des fils et des couleurs, héritée des broderies merveilleuses de ses grands- mères.

Puis elle commence à travailler vraiment pour elle, chez elle, seule…, patiemment, dans le calme de son petit atelier parisien. Car ses recherches évoquent celles des moines enlumineurs penchés sur leur pupitre pour illustrer les textes sacrés : goût des couleurs vives, patience et dextérité des ravaudeuses (c’est le mot qu’elle emploie !). Elle assemble au fil d’or utilisé pour les saris de cérémonie ses encres abstraites, ainsi que des matières rapportées de voyages asiatiques, comme les feuilles d’or ou les papiers votifs destinés au culte dans les temples.

Attirée par le rythme des Haikus, brefs poèmes japonais, l’écriture a une place importante dans son travail : couleurs et textes se chevauchent, se répondent, s’accompagnent. Ces bribes de lettres mystérieuses ou de notes de musique dans la trame du fil d’or donnent un sens et une densité à la couleur. Claire se laisse guider par les matériaux et trouve, presque à son insu, un équilibre subtil entre les matières précieuses, sacrées et les matières plus frustes, d’où naitront la poésie et le rêve.

Les œuvres présentées ici, dont certaines ont été commencées il y a plusieurs années, représentent un travail de longue haleine, réalisé avec peu de moyens, comme un travail « au petit point » d’aujourd’hui. Elles évoquent aussi le travail des paperolles, ces petits morceaux de papier utilisés autrefois pour faire des ajouts ou corriger un texte. L’art de Claire de la Tour du Pin, raffiné, précieux et mystérieux, s’apparente à une forme d’écriture qu’elle nous invite à décrypter, espérant en son pouvoir de résonance…


Gisèle Garric – Du 12 juillet au 31 octobre 2017

De l’aveu même de Gisèle Garric, c’est l’intérêt pour les arts plastiques qui l’a conduite à la céramique et la rencontre avec un potier passionné a été déterminante dans le choix du matériau…

Elle aime la période de la Renaissance, du baroque, ainsi que les objets d’art de ces époques ; ces goûts nourrissent consciemment ou non sa pratique. Et puis, elle a grandi et elle vit toujours à à la campagne ! Elle aime la terre et l’argile.

Elle se revendique comme une palissyste du XXIème siècle, et à ce titre, en 2014, elle a partagé l’affiche d’une exposition avec Catherine Viennet « Nature et trompe l’œil, hommage à Bernard Palissy ». Se référant au grand céramiste du XVIe siècle, Bernard Palissy, un inventeur de rustiques figulines*, elle fabrique des moules sur la nature, les légumes, les fruits, les animaux, plus particulièrement les mal aimés, tels les reptiles, couleuvres, grenouilles.

Depuis peu, elle travaille aussi à un autre style, des faïences en trompe-l’œil qui s’inscrivent également dans une tradition avec des décors de fruits, légumes, parfois des œufs ! Toujours en relief. Plus moderne, elle propose aussi actuellement des piles d’assiettes factices qui sont en réalité des boîtes ornées de fruits.

Son parcours est riche de très nombreuses expositions de préférence dans sa région natale, le Rouergue. Mais sa notoriété dépasse largement les bornes de cette région. Le musée de la Tour du Moulin est un écrin parfait pour la célébration de cette nature saisie sur le vif. Le travail de Gisèle Garric offre une formidable résonnance aux pièces des suiveurs de Bernard Palissy exposées au musée. L’univers de ce céramiste de la Renaissance inspire encore les travaux des artistes contemporains et la confrontation de leurs œuvres crée un dialogue ininterrompu et passionnant que le musée est heureux de matérialiser.

* les « rustiques figulines », sont de véritables moulages de poissons et de reptiles, peints et déposés sur le fond de grands plats décorés d’herbes et de coquillages.